Le Musée de la Résistance

Fondé en 1983 à Saint-Brisson grâce à l’engagement d’historiens et d’anciens chefs de maquis, le Musée de la Résistance en Morvan est un acteur central des commémorations du 80ᵉ anniversaire de la Libération et des villages martyrs. Ce lieu emblématique, le deuxième site le plus visité du Morvan après Bibracte, ne se limite pas à un simple devoir de mémoire. Comme le souligne sa directrice, Aurore Callewaert, « le musée n’est pas là pour commémorer, mais pour expliquer le présent ». À travers témoignages, objets et documents, les visiteurs explorent la vie sous l’Occupation : omniprésence nazie, privations, collaboration, mais aussi l’émergence d’une résistance enracinée dans cette « terre rebelle », particulièrement durant l’été 1944, marqué par les combats intenses dans les forêts du Morvan.

Depuis plus de 40 ans, le musée raconte ces heures sombres où l’engagement de quelques-uns a ravivé l’espoir. Niché dans un ancien corps de ferme, il transcende la simple chronologie pour transmettre des valeurs universelles aux adultes et scolaires. « Un musée de la Résistance n’est pas neutre », insiste Aurore Callewaert, en citant Lucie Aubrac : « Résister se conjugue au présent. » Entre les murs du musée, mais aussi à travers les lieux comme le Mémorial de Dun-les-Places ou les Chemins de mémoire, il s’agit de se souvenir et de comprendre.

Le Morvan, terre de maquis avec son relief et ses forêts propices à la lutte clandestine, n’a entrepris ce travail de mémoire qu’à partir des années 1970, sous l’impulsion de résistants à la retraite et d’historiens. Une première exposition en 1979 attire 20 000 visiteurs et pose les bases du musée. Inauguré par François Mitterrand, le lieu s’ancre dès lors comme un témoin vivant de l’histoire, épaulé par l’association ARORM (aujourd’hui Morvan Terre de résistances-ARORM). Depuis, il attire chercheurs et passionnés, tels qu’un doctorant en archéologie contemporaine ou un géographe étudiant les villages martyrs.

Dans un contexte marqué par des tensions sociales et politiques, le musée prend une résonance particulière. « Comment célébrer la résistance dans un climat où le rejet de l’autre est aussi fort ? », s’interroge Aurore Callewaert. Plus qu’un lieu de mémoire, le musée se fait miroir du présent, rappelant que l’Histoire n’est pas qu’un récit du passé, mais une clé pour comprendre les défis actuels